L’un des miracles accomplis par la Foire International du Livre (FILVEN) chaque année est le démolissage de ce mur invisible érigé entre le lecteur et les auteurs qu’il a suivis depuis longtemps. Le lecteur a toujours l’impression de connaître ces auteurs : il s’agit d’une amitié fondée sur les mots imprimés sur le papier. Et ce miracle est beaucoup plus significatif lorsqu’il s’agit d’écrivains venus d’autres latitudes car, si le Cenal n’avait pas réuni dans un seul espace ce nombre d’écrivains et d’intellectuels, personne n’aurait pu toucher o écouter la voix, qui va directement de la bouche aux oreilles, sans médiateurs électroniques, de ces vieux amis dont la connaissance s’est produite après avoir feuilleté mille fois leurs pages. Grâce à la FILVEN 2015, cette fois on a pu profiter de cet accent portoricain, d’une cadence si contagieuse que le son qui a parcouru le monde entier et qui a une place spéciale dans la mémoire musicale des Vénézuéliens. Ici, même la timidité est incapable d’empêcher la rencontre, le contact humain, favorisé par cette ambiance de camaraderie. C’est ainsi que la conversation s’est produite, le mojito dans la main, avec Antonio Nadal, un pédagogue, spécialiste de la musique populaire et folklorique de Porto Rico et inlassable lutteur social et culturel de long parcours, l’un des membres les plus actifs et distingués du mouvement pour l’indépendance de son pays. Après sa participation à la table ronde portant sur « Los escritores caníbales, ¿qué leemos ? » (Les écrivains cannibales : que lisons-nous ?), accompagné de la poète, essayiste et traductrice Aurea María Sotomayor, Antonio Nadal nous a exprimé son enthousiasme du fait d’être invité à cette édition de la foire du livre à Caracas et surtout de l’ambiance révolutionnaire qu’on y respire et qui montre la transformation de la conscience qui a lieu dans ce sol de Bolivar et de Chavez. Et c’est justement lui, nous dit Nadal, qui a donné un élan important à la lutte pour la décolonisation de l’île, grâce à sa position courageuse face à l’impérialisme. Après cette agréable conversation, le « son » portoricain comme musique de fond, sur la vie et notamment sur le travail que Nadal mène chaque jour, depuis les salles de classe et de la lutte politique visant à réaliser ce monde que nous tous souhaitons, le moment de l’adieu est arrivé, mais avec la promesse des retrouvailles lors de la conférence sur la musique portoricaine que le professeur Antonio Nadal tiendra dimanche prochain dans le cadre de cette FILVEN 2015.